Sur un chantier, chaque travailleur fait face à un risque : chute, engin, coactivité, erreur humaine. La prévention ne s’improvise pas, elle s’organise.
C’est précisément la mission du coordonnateur SPS : assurer la sécurité et la protection de la santé à chaque phase du projet, de la conception à la réalisation.
Sous l’autorité du maître d’ouvrage, il définit les mesures de prévention, contrôle leur application, et veille au respect du Code du travail et des principes généraux de sécurité.
Véritable expert du BTP, il anticipe les dangers, facilite la communication entre les entreprises, et garantit la maîtrise des risques pour un ouvrage sûr, durable et conforme aux obligations légales.
En bref
- Coordonnateur : acteur central de la coordination SPS, il veille à la prévention des risques et à la sécurité des travailleurs tout au long des phases de conception et de réalisation d’un ouvrage.
- Chantier : tout travail de bâtiment ou de génie civil impliquant plusieurs entreprises doit être encadré par une mission de coordination SPS pour éviter les accidents et garantir de bonnes conditions de travail.
- Code du travail : les articles L4532 et R4532 définissent les obligations légales du maître d’ouvrage, du coordonnateur SPS et des intervenants.
- Objectif : appliquer les principes généraux de prévention, assurer la protection de la santé et la sécurité au travail, en respectant les dispositions du Plan Général de Coordination (PGC SPS) et du DIUO (Dossier d’Intervention Ultérieure sur l’Ouvrage).
Qu’est-ce que la coordination SPS ?
La coordination SPS — pour Sécurité et Protection de la Santé — est une obligation légale pour tout chantier de bâtiment ou de génie civil où interviennent plusieurs entreprises. Elle a pour but de prévenir les risques liés à la coactivité, c’est-à-dire la présence simultanée ou successive de plusieurs acteurs sur un même site.
Selon les articles L4532-1 et suivants du Code du travail, la coordination en matière de sécurité s’applique dès la phase de conception du projet jusqu’à la phase de réalisation.
Son objectif principal : anticiper les dangers, organiser la prévention, et garantir la sécurité et la santé de tous les travailleurs.
Autrement dit, la coordination SPS n’est pas un simple contrôle administratif. C’est un dispositif d’organisation et de communication qui structure le chantier : elle définit les règles communes de sécurité, répartit les responsabilités, et veille à la mise en œuvre des mesures de prévention prévues par le Plan Général de Coordination (PGC SPS).
Les fondements réglementaires de la coordination SPS
Un cadre légal clair et structuré
En France, la coordination SPS est encadrée par le Code du travail, notamment les articles L4532-2 à L4532-7 et R4532-1 à R4532-98.
Ces textes précisent les obligations du maître d’ouvrage, la désignation du coordonnateur, ainsi que le contenu des missions à mener à chaque phase du projet.
L’arrêté du 25 février 2003 précise également les conditions de compétence et de formation pour exercer la fonction de coordonnateur SPS de niveau 1, 2 ou 3.
Une obligation du maître d’ouvrage
Tout maître d’ouvrage, public ou privé, a l’obligation de désigner un coordonnateur en matière de sécurité et de protection de la santé (CSPS) dès que plusieurs entreprises interviennent sur une même opération.
Cette obligation vise à garantir la sécurité des travailleurs, à prévenir les accidents du travail et à faciliter la coordination entre intervenants.
Le rôle du coordonnateur SPS
Le coordonnateur SPS joue un rôle clé dans la prévention des risques professionnels.
C’est lui qui analyse, anticipe et organise la sécurité sur le chantier.
Une mission de pilotage et de prévention
Il élabore le Plan Général de Coordination (PGC), définit les mesures collectives à mettre en œuvre, et veille à leur application.
Il identifie les zones à risques, met en place des procédures de communication entre les entreprises, et s’assure que chaque acteur respecte les principes généraux de prévention.
Un rôle de médiateur et d’expert
Le coordonnateur SPS n’est pas un chef de chantier, mais un expert indépendant.
Il travaille en lien avec le maître d’ouvrage, le maître d’œuvre, les entreprises intervenantes, et les organismes de contrôle.
Son rôle est d’assurer la cohérence des mesures de sécurité, d’informer et de sensibiliser les intervenants, sans jamais se substituer à leur responsabilité directe.
Les phases d’intervention du coordonnateur SPS
Phase de conception
C’est une étape déterminante.
Le coordonnateur intervient dès les études architecturales et techniques.
Il participe à l’élaboration du projet, identifie les risques liés aux méthodes constructives et propose des solutions adaptées (accès sécurisés, dispositifs de levage, zones de stockage, circulation des engins…).
Le Plan Général de Coordination (PGC SPS) est rédigé à ce stade. Il formalise toutes les mesures prévues et sera actualisé tout au long du chantier.
Phase de réalisation
Pendant les travaux, le coordonnateur SPS veille à la mise en œuvre du PGC SPS.
Il organise des réunions de coordination sécurité, contrôle la présence effective des dispositifs de prévention, et consigne les observations dans le registre journal.
Il suit également le Plan Particulier de Sécurité et de Protection de la Santé (PPSPS) établi par chaque entreprise intervenante.
Phase de réception
Une fois l’ouvrage achevé, le coordonnateur met à jour le Dossier d’Intervention Ultérieure sur l’Ouvrage (DIUO), qui regroupe toutes les informations utiles pour la maintenance future et les travaux ultérieurs.
Ce document sera remis au maître d’ouvrage et servira de référence pour tout chantier de rénovation ou de maintenance.
Les niveaux de coordination SPS
La réglementation distingue trois niveaux de coordination, selon l’ampleur et la complexité du chantier :
Niveau 1
Chantiers de grande ampleur (>10 000 heures de travail, plusieurs entreprises, opérations complexes).
Le coordonnateur de niveau 1 doit être hautement qualifié et justifier d’une expérience professionnelle importante en sécurité et prévention.
Niveau 2
Chantiers de taille moyenne, durée ou volume d’heures intermédiaire.
Le coordonnateur SPS de niveau 2 intervient sur des projets standards de bâtiment ou de génie civil.
Niveau 3
Chantiers de faible importance ou durée courte (petites opérations, maintenance, rénovation simple).
Le coordonnateur SPS de niveau 3 gère principalement la prévention de proximité et la coordination simplifiée.
Les documents clés de la coordination SPS
Le PGC SPS (Plan Général de Coordination)
Il définit les mesures générales de prévention :
- organisation du chantier,
- plan de circulation,
- zones de stockage,
- accès,
- prévention incendie et électrique,
- gestion des déchets.
Le PGC SPS est obligatoire pour les opérations de niveau 1 et 2, et facultatif pour le niveau 3.
Le PPSPS (Plan Particulier de Sécurité et de Protection de la Santé)
Chaque entreprise rédige un PPSPS, document qui précise ses mesures spécifiques : formation, matériel, moyens de levage, prévention des chutes, etc.
Ce plan doit être validé par le coordonnateur SPS avant le démarrage des travaux.
Le DIUO (Dossier d’Intervention Ultérieure sur l’Ouvrage)
Le DIUO compile toutes les informations techniques et de sécurité nécessaires aux interventions futures : repérage des réseaux, matériaux utilisés, points d’accès, zones à risques.
Le registre journal
Document obligatoire sur les chantiers de niveau 1 et 2, il consigne les observations, incidents, visites et consignes émises par le coordonnateur.
Il constitue une preuve en cas d’accident du travail.
La prévention des risques sur chantier
Le coordonnateur SPS a pour mission de prévenir les risques professionnels tout au long du chantier.
Cela passe par plusieurs actions concrètes :
- Identifier les risques liés à la coactivité : engins, circulation, manutention, hauteur.
- Mettre en œuvre des mesures collectives : protections, balisage, signalisation, équipements.
- Assurer la formation et la sensibilisation des intervenants.
- Contrôler les conditions de travail sur site.
- Analyser les causes d’incidents pour ajuster le PGC.
Le coordonnateur agit en lien avec les entreprises traitantes et sous-traitantes, les organismes de contrôle, et le maître d’ouvrage pour garantir une sécurité durable.
Les responsabilités du coordonnateur SPS
Le coordonnateur SPS assume une responsabilité civile et pénale importante.
S’il ne remplit pas correctement ses obligations, il peut être tenu responsable en cas d’accident du travail ou de manquement à la sécurité.
Cependant, il ne se substitue pas aux obligations des entreprises.
Chaque intervenant conserve la responsabilité de ses salariés et de son matériel.
Le coordonnateur veille à la cohérence des mesures mais ne dirige pas les travaux.
Sa responsabilité s’apprécie au regard :
- du niveau de coordination SPS,
- des missions définies dans le contrat,
- et de la nature des interventions.
Comment devenir coordonnateur SPS ?
Pour exercer ce métier, il faut suivre une formation certifiante reconnue par le ministère du Travail.
Elle est accessible aux professionnels du BTP, de l’ingénierie, de la sécurité ou de la prévention justifiant d’une expérience technique dans le secteur.
Les formations SPS (AFNOR, Dekra, Apave, etc.)
La formation couvre les phases de conception, de réalisation et de maintenance, la réglementation, la gestion documentaire, et la communication inter-entreprises.
Elle se conclut par un examen théorique et pratique, avec attribution d’un niveau de compétence (1, 2 ou 3).
Le coordonnateur SPS doit maintenir ses connaissances à jour par une formation continue et une veille réglementaire régulière.
Les qualités d’un bon coordonnateur SPS
- Rigueur et sens de l’organisation : la sécurité repose sur des procédures précises.
- Capacité d’analyse : savoir évaluer les risques dès la conception.
- Autorité bienveillante : faire respecter les règles sans bloquer la production.
- Communication claire : transmettre l’information entre les acteurs.
- Connaissance du terrain : comprendre les métiers du BTP pour adapter les mesures.
Un bon coordonnateur SPS agit toujours dans l’intérêt commun : protéger les personnes, le projet et la réputation du maître d’ouvrage.
Les enjeux de la coordination SPS
Les enjeux sont multiples :
- Réduire les accidents du travail et maladies professionnelles.
- Améliorer la qualité des ouvrages grâce à une meilleure organisation.
- Favoriser la collaboration entre acteurs : architectes, entreprises, exploitants.
- Garantir la conformité légale et éviter les sanctions.
- Intégrer les principes de sécurité dès la conception pour réduire les coûts à long terme.
La coordination SPS est donc un levier de performance durable, et non une simple contrainte réglementaire.
Les outils et solutions pour optimiser la coordination SPS
Aujourd’hui, la digitalisation transforme la manière dont les coordonnateurs travaillent.
Les outils numériques permettent de centraliser les documents, d’assurer un suivi en temps réel, et de communiquer efficacement.
Parmi les solutions les plus utilisées :
- Plateformes collaboratives pour le suivi des PGC et PPSPS.
- Applications mobiles pour la remontée d’incidents.
- Logiciels de gestion documentaire (registre journal, DIUO numérique).
- Outils de modélisation BIM pour anticiper les risques dès la conception.
Ces innovations facilitent la communication entre les entreprises, renforcent la traçabilité des actions, et améliorent la prévention sur le long terme.
En résumé
- La coordination SPS est une obligation réglementaire et un outil essentiel de prévention.
- Le coordonnateur SPS agit dès la phase de conception jusqu’à la réception pour garantir la sécurité et la santé sur les chantiers.
- Ses missions s’appuient sur des documents clés : PGC, PPSPS, registre journal et DIUO.
- Véritable expert du risque, il contribue à une culture de la sécurité partagée dans le BTP.
CV3E accompagne les entreprises, maîtres d’ouvrage et acteurs du bâtiment dans la mise en place de missions de coordination SPS, la formation des coordonnateurs et le suivi des opérations.
Objectif : assurer la sécurité des chantiers, améliorer la performance et renforcer la prévention des risques professionnels.